Le réseau Arbo-France a formé un groupe de travail consacré à la Fièvre Jaune.
Le 9 février 2024, les membres de ce groupe de travail ont publié dans Nature Communications, un article sur la compétence vectorielle de Aedes aegypti en Martinique pour la Fièvre Jaune.
L’article “Evaluating vector competence for Yellow fever in the Caribbean” est accessible ici ou via le lien DOI .
Gabiane, G., Bohers, C., Mousson, L. et al. Evaluating vector competence for Yellow fever in the Caribbean. Nat Commun 15, 1236 (2024).
La dernière épidémie de fièvre jaune en Amérique date de 1905. En Martinique, c’est en 1908 que les derniers cas ont été répertoriés soit 1128 cas suspectés. La fièvre jaune est arrivée dans les bateaux d’esclaves lors du commerce triangulaire. Le moustique Aedes aegypti s’est reproduit abondamment dans les futs de stockage d’eau potable dans les cales des navires entretenant des cycles de transmission durant le voyage. Une fois arrivés dans le nouveau monde, le virus et le vecteur ont initié des épidémies occasionnant des milliers de morts principalement dans les ports allant de New-York à Rio–de–Janeiro. La découverte par Carlos Finlay et Walter Reed du rôle du moustique dans la transmission du virus a fait émerger l’espoir d’une éradication de la maladie en réduisant les populations de moustiques. Le résultat a été spectaculaire et d’autant plus, après l’utilisation massive du premier insecticide de synthèse, le DDT en 1939. Depuis plus d’un siècle, la fièvre jaune ne cause plus d’épidémies dans la Caraïbe alors que le moustique Ae. aegypti est toujours présent et que le virus circule dans des territoires voisins dans des cycles forestiers. C’est dans ce contexte que notre travail a été réalisé en évaluant la compétence vectorielle de 15 populations d’Ae. aegypti vis–à–vis de cinq génotypes du virus (Bolivie, Ghana, Nigeria, Soudan et Ouganda). Nous démontrons que les moustiques de la Caraïbe et des Amériques sont capables de transmettre les cinq génotypes de la fièvre jaune, avec une plus forte transmission des virus originaires d‘Ouganda et de Bolivie. Les populations d’Ae. aegypti de la Martinique sont plus efficaces à transmettre le virus de la fièvre jaune que les autres populations de moustiques des îles voisines dans la Caraïbe et de celles d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud. Nos données sur la compétence vectorielle suggèrent que le risque de réémergence de la fièvre jaune en Martinique est bien réel et qu’une propagation vers les autres îles de la Caraïbe reste plausible. Ces résultats appellent à renforcer la surveillance des cas importés d’Afrique et à préparer un plan de réponses rapides en cas d’émergence.